& les Chroniques
Express
Moaan Exis
"Postmodern Therapy"

"Postmodern Therapy"
DATES | Sorti le 25 juin 2019 | Publié le mardi 24 septembre 2019
ET ALORS | Annoncé en mai par l’hallucinante vidéo du titre "Witness" qui ouvre de manière inquiétante "Postmodern Therapy", le second album de Moaan Exis s’impose comme une véritable machine de guerre de techno industrielle et rituelle. C’est d’ailleurs le visage peinturluré de rouge pour l’un et de noir pour le second que Xavier Guionie et Mathieu Caudron délivrent ensemble une musique musclée, truffée de trouvailles sonores astucieuses et de parties rythmiques boostées que les deux Français ont d’ailleurs baptisées "drum battles" lors de leurs lives. Au travers de son imagerie tribale, l’entité Moaan Exis cultive les mystères qu’un tel nom évoque, mais qu’elle sait cependant partager le temps d’un titre avec Caitlin Stokes du groupe Corlyx, digne d’être initiée. La mixité du chant rappelle d’ailleurs KMFDM, eux aussi habitués des albums lancés à cent à l’heure. Reste que "Postmodern Therapy" propose derrière une imagerie unique le son d’un nouveau monde sauvage, mi-humain et mi-animal, où ça hurle dans le micro et ça tambourine sur les fûts pour un résultat électro tribal et bestial.

Data Fragments
"Data Fragments"

"Data Fragments"
DATES | sorti le 17 mars 2019 | Publié le mardi 7 mai 2019
ET ALORS | Il suffit d’un son, d’un effet, d’une mélodie ou simplement d’une ambiance, et l’on se retrouve immédiatement renvoyé aux compositions de The Cure. Est-ce une malédiction qui empêcherait toute jeune formation d’obédience new-wave a s’imposer, comme si le groupe de Robert Smith était omniscient, ou bien sont-ce nos oreilles qui manquent de discernement ? Vous l’avez compris, Data Fragments baigne dans ces ambiances new-wave que l’on rattache souvent aux premiers Cure, mais qui rappellent aussi Little Nemo, Sad Lovers ou des formations plus récentes comme celles que l’on chronique ici. Et ce que ces artistes ont en commun est avant tout le goût de la mélancolie. On pourrait tenter d’estimer l’intérêt qu’il y a à ressasser à l’infini les mêmes sons sans les avoir vraiment digérés, on préférera prendre un sain plaisir à écouter cet album plutôt malin et franchement bien foutu. Cure, toujours…

Thighpaulsandra
"Practical Electronics with Thighpaulsandra"

"Practical Electronics with Thighpaulsandra"
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le mercredi 27 mars 2019
ET ALORS | Oreilles sensibles s'abstenir : Timothy Lewis, aka Thighpaulsandra, nous offre un huitième disque où la norme est l'absence même de repères. Ancien membre de Coil, l’Anglais nous livre les résultats non censurés de ses travaux et de ses expériences secrètes, présentés dans une pochette à l'humour typiquement britannique. Les changements inattendus au coeur même de ces quatre longs titres en perpétuelle mutation (entre neuf et treize minutes chacun) rappellent bien entendu les expérimentations sonores du Coil du début des années 2000. Une partie composée par Paul, une autre par Sandra, chaque morceau schizophrène se rapproche des récents albums solo d'Edward Ka-Spel, avec des clins d'œil aux banques de sons de Nitzer Ebb. Pour les plus courageux ainsi que pour les fans de Coil, la conférence sonore ici offerte vaut vraiment la peine d'être suivie.

Fews
"Into Red"

"Into Red"
[PIAS]
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le lundi 25 mars 2019
ET ALORS | Classé dans le top 10 de l'année 2016 par votre serviteur, le premier album de Fews représentait l'exception de toute une scène post-post-post new-wave qui n'en finit plus de pondre des albums médiocres, à l'instar de Editors ou Interpol, pour citer les plus connus, qui courent en vain après leurs débuts, sans jamais parvenir à retrouver le génie qui les caractérisait alors. Le deuxième album de Fews remplit... presque, les promesses du premier ! Légère déception, mais difficile de dire si elle est liée à l'absence d'effet de surprise ou à la diminution du tempo de deux ou trois titres. C'était en effet là où le groupe était brillant : réussir des morceaux d'une noirceur extrême tout en jouant vite, en toute urgence, en toute tension, dans un registre proche des débuts de Bloc Party. Reste un bon album, idéal pour qui aime se noyer dans les ambiances sombres.
CONNEXE | Bloc Party "Silent Alarm"

Evi Vine
"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"

"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"
DATES | Sorti le 22 février 2019 | Publié le lundi 4 mars 2019
ET ALORS | Le set d’Evi Vine en ouverture de Brendan Perry au Petit Bain nous avait fasciné. Le troisième album de la Londonienne sort quelques semaines seulement après sa prestation, et c’est avec plaisir que nous retrouvons cette voix douce et fragile, toujours à la merci des guitares impitoyables fournies par Peter Yates (Fields of the Nephilim), et flottant avec aisance sur des traitements impressionnants de noirceur. On y retrouve des sonorités proches des premiers disques de Sigur Rós, et une rythmique totalement absente du live, sur laquelle Simon Gallup (The Cure) a prêté son jeu de basse. Les ambiances sont sous tension, de sorte que celle qui fût la chanteuse sur trois titres du premier album de The Eden House apporte seule les rayons de lumière dans cet univers lugubre et angoissant, comme l’annonce très clairement le titre de l’album avec son effet de miroir déformant.

Fawns of Love
"Permanent"

"Permanent"
DATES | Sorti le 18 janvier 2019 | Publié le jeudi 21 février 2019
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Une certaine vision des premières heures de Factory hantée par quelques fantômes shoegaze, voilà ce qui habite le deuxième album des Californiens de Fawns of Love. Les sonorités électroniques, synthétiques et rythmiques rappellent, dans le désordre, celles d'A Certain Ratio, Section 25, A.R. Kane, ou New Order, tandis que les guitares et leur réverb renvoient à Cure ("Horoscope"), New Order ("Permanent", "Mournful Eyes) ou Slowdive. Le chant n'est pas en reste lorsqu'il s'agit d'y voir des influences, la voix féminine, à la fois mélodique et atone, flotte dans un espace parallèle entre celles de Cocteau Twins et Blonde Redhead. Un assemblage de repères de très bon goût, qui offre un environnement très confortable et permet au disque de réussir l'improbable, offrir un résultat digeste, tant ce mélange d'influences est bien maîtrisé, rendant paradoxalement le résultat plutôt original.

Plomb
"At Ease!"

"At Ease!"
[D-Monic]
par Yannick Blay
DATES | Sorti le 21 septembre 2018 | Publié le jeudi 24 janvier 2019
ET ALORS | Après un premier single tout de vinyle blanc, Plomb, quintet parisien jusqu’au bout des ongles, vient de sortir son premier album, "At Ease!". Impossible de ne pas penser au label Born Bad à l’écoute de leur post punk réfrigéré à l’énergie aussi redoutable que bizarrement et nonchalamment maîtrisée. Le chant du grand dadais débonnaire et affable perché au micro rappelle en effet autant les incantations de Fabrice de Frustration que les élucubrations du meneur de Cheveu. Les lignes de synthés analo jouées par le leader peroxydé de Katzkab (autre groupe cold punk) sont obsédantes et aliénantes au possible et les incessants changements de rythmes de la majeure partie des compos donnent à l’ensemble un côté plus foutraque keupon que franchement cold, à l’image d’un Crisis ou d’un The Ex des débuts. Voilà du Positive Punk bien à l’aise dans ses Doc Marten’s, dans les starting blocks pour 2019 !

Penelope Trappes
"Penelope Two"

"Penelope Two"
DATES | Sorti le 26 novembre 2018 | Publié le lundi 14 janvier 2019
ET ALORS | Moitié du duo londonien The Golden Filter, la chanteuse d'origine australienne nous offre après son premier essai "Penelope One", un second disque solo dont les compositions ressemblent à des berceuses un peu dérangées et exclusivement réservées aux adultes. La musicienne touche-à-tout a choisi un sound design à la beauté blafarde pour habiller ses visions qui s'inspirent clairement des Cocteau Twins période "Victorialand" et "The Moon and the Melodies", en version ralentie au maximum et qui auraient comme palette sonore les expérimentations ambient de This Mortal Coil. L’album donne alors l'impression de flotter entre deux états : conscient grâce aux pulsations, aux oiseaux et à l'orage enregistrés, tout en étant à la fois détaché, comme invité en qualité d’observateur privilégié dans le rêve de quelqu'un d'autre dont on ne partagerait ni les démons, ni les craintes. Superbe.

ASC
"The Outer Limits"

"The Outer Limits"
DATES | Sorti le 30 novembre 2018 | Publié le mardi 8 janvier 2019
ET ALORS | James Clements, qui officie derrière ASC et qui produit des titres au kilomètre -il s'agit ici de son sixième disque cette année-, a clairement la tête dans les étoiles et nous y entraîne sans retenue à travers la plupart de ses disques composés à San Diego où il réside depuis des années. D'apparence tranquille, "The Outer Limits" ne propose pas de course jusqu'aux confins de notre système solaire, mais révèle des changements de rythmes au coeur même des quatre longs titres qui le composent. Nourri à la fois à l'ambient scintillante et à la soft techno, le mélange inédit fonctionne parfaitement sous la forme d'une electronica tout aussi puissante que rêveuse : quel son, quelle profondeur, quelle largeur de spectre !

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